Beddi Nasreddine, Maitre de Conférence
Belmokaddem Mostefa, Professeur
Faculté des sciences économiques, des sciences de gestion et des sciences commerciales Université de Tlemcen (Algérie)
Résumé
A la première question, nous répondrons bien sûr, par l’affirmative puisque tous les pays sont engagés dans une nouvelle approche du développement qui ne consiste pas seulement à produire le plus de biens et au moindre coût, afin de vendre beaucoup et réaliser de grands profits. C’était la vision en vigueur dans toutes les techniques de gestion mais on s’est rendu compte que cette production, supposée au moindre coût, était en fait, souvent d’un coût exorbitant, relativement aux dégâts occasionnés dans l’environnement et dans les nuisances occasionnées à la santé de l’homme et à sa tranquillité. Il est temps d’inclure d’autres variables dans le calcul du prix de revient tout en revoyant certaines techniques de production trop salissantes, dangereuses ou grosses consommatrices d’énergie. Nous répondrons aussi par la négative quand on pense qu’au niveau micro économique, les comportements sont édictés par les satisfactions immédiates et les maximisations des profits. Ces comportements qui ne s’intéressent qu’aux résultats à court terme, ne s’intègrent pas facilement dans les plans de développement visant les équilibres macro économiques à long terme.
A la deuxième question, nous dirons qu’il y a effectivement des indicateurs pour tester les niveaux de qualité dans l’éducation, la santé, les ressources naturelles… et les gains tirés au niveau social mais les calculs économiques qui déterminent la rentabilité des projets, les profits espérés, les risques financiers encourus
ne sont pas toujours en rapport avec les efforts pour réaliser le développement durable qui, eux dépassent la simple notion d’efficacité et de satisfaction. Quand on pense aux générations futures, ce n’est pas seulement en termes de durée dans le temps mais aussi dans la manière d’apprécier les gains espérés.
Notre recherche repose sur ces questions qui minent bien des efforts alors qu’il faut armer cette nouvelle approche du développement, en outils conceptuels adéquats afin de lui donner toutes les chances de réussir.
Dans un premier temps, nous essaierons d’analyser les objectifs du développement durable et voir en quoi, ce dernier diffère-t-il de l’approche traditionnelle du développement économique. Y a-t-il complémentarité ou rupture entre ces deux approches ? Dans la première optique, il faut harmoniser les outils d’analyse ; dans la deuxième optique, on considère qu’il y a rupture et par conséquent il faut introduire d’autres concepts ou leur donner un sens différent.
Par la suite, nous essaierons de montrer combien il est impératif de recourir à cette notion de développement durable qui, remettant l’Homme au centre des objectifs économiques, est en train de gagner grandement en importance dans les recherches actuelles. A travers quelques exemples puisés notamment dans l’éducation et l’environnement, nous essaierons de montrer qu’il y a non seulement nécessité mais urgence à réviser notre conception sur la notion de production et de consommation afin d’éviter l’irréparable. L’épuisement des réserves pétrolières, l’extension de certaines maladies et
le réchauffement de la planète sont déjà les premiers signes qui nous incitent à une réflexion plus profonde sur la notion de développement économique.
Il n’est pas encore temps de faire un bilan mais à travers certains exemples, on peut dores et déjà ouvrir un débat sur la révision de certains concepts et proposer des indicateurs sur le développement durable, indicateurs qui peuvent compléter ceux existants sur le développement humain.
Nous montrerons surtout comment certaines décisions actuelles vont compromettre sérieusement les efforts pour un développement durable ; nous montrerons surtout qu’il est plus difficile de réparer certaines erreurs que d’entamer la construction du monde de demain. Nous considérons que les pays sous développés sont particulièrement privilégiés dans ce sens, à condition qu’ils s’orientent dès maintenant dans un processus de développement moins destructif.
Romanian Statistical Review nr. 3 / 2011 – édition spéciale en français